
Depuis une petite année, Goldlink y allait à tatillons. Retour ou pas retour ? Un petit clip court-métrage par ci (Got Friends), un petit single sans lendemain par là (Got Muscle), et un second passage dans COLORS pour la route (Justine's Interlude), l'artiste de Washington D.C. ne semblait pas pressé par le temps puisque son précédent album, l'excellent At What Cost, n'a que deux ans d'âge. Finalement, c'est après la sortie en grande pompe de Zulu Screams, en feat. avec Maleek Berry et Bibi Bourelly, que les choses ont pris la forme d'une annonce imminente. Voici Diaspora, le nouvel album de Goldlink. Et derrière ce titre peu anodin se cachent quelques surprises.
✔ validÉ
Prod : Malgré ce tournant inédit dans sa trajectoire, Goldlink n'abandonne pas pour autant ses premiers amours. Popularisé grâce à des producteurs comme Kaytranada et Falcons dont il était l'une des voix préférées, l'artiste avait imposé ce son "future beat" (dont la particularité est de faire se rencontrer les univers hip-hop et R&B avec des productions électroniques) comme une véritable marque de fabrique depuis ses premiers projets. Au delà du single Joke Ting, ces habitudes sont devenues plus discrètes sur Diaspora. Elles se manifestent désormais de manière plus subtile, imbriquées dans les autres apports mentionnés plus haut.
Flow : Si Goldlink a réussi à se faire un nom grâce à un univers musical électronisé rafraîchissant, il est avant toute chose un excellent rappeur. Cet album compte d'ailleurs quelques démonstrations techniques comme Maniac, No Lie, ou Coke White/Moscow, qui prouvent encore largement qu'il possède l'un des meilleurs flows du game actuel. Mais Diaspora a beau être une ode au brassage d'influences musicales, on n'en sent pas moins une réelle volonté de garder l'église au milieu du village : Goldlink a les deux pieds bien ancrés dans la culture rap.
✘ signalé
Repères : Compliqué de jouer à l'avocat du diable quand on ne dispose pas d'arguments infaillibles. Diaspora est bien une réussite difficile à nier. La seule démarche qu'un fan de Goldlink pourrait éventuellement lui reprocher est d'avoir délibérément brouillé les pistes avec un album aussi varié. Une prise de risque à saluer mais qui peut se révéler déstabilisante au premier abord, quand on ne l'a pas encore apprivoisé. En effet, les repères qui régissaient son univers artistique jusque-là ont été quelques peu bousculés puisque c'est un titre afropop qui se retrouve propulsé comme single-vitrine du projet. Quant aux vibes néo-soul gentillettes qui ont fait le succès du bonhomme dans COLORS, elles ont été reléguées au dernier rang des priorités, derrière des ambiances purement rap qui ont, par contre, rempli plus de place qu'à l'accoutumée.
la Note : 8/10